lundi 19 novembre 2018

Révision du Plan Local d'Urbanisme


Tout d’abord, et avant toute chose, il convient de saluer le gros travail effectué par l’AGURAM qui a porté la révision de notre Plan Local d’Urbanisme depuis de très nombreux mois.

La révision du Plan Local d’Urbanisme arrive au niveau de l’enquête publique, une de ses dernières étapes avant le vote par le conseil municipal. C’est un moment important dans la vie de la commune. Ce nouveau Plan Local d’Urbanisme aura un impact sur notre quotidien et notre environnement.

Bien que n’étant pas des spécialistes en urbanisme, nous vous en proposons une lecture qui sans être parfaite et exhaustive, résume quelques temps fort de cette révision.



Un des objectifs de ce changement des règles d’urbanisme concerne notre environnement, sujet important en ce début de XXIème siècle. Il s’agit de l’objectif n° 3 du Projet d’Aménagement et de Développement Durable :
Préserver :
- les espaces naturels  dans l'enveloppe urbaine
- Le patrimoine bâti classé, mais aussi remarquable réparti dans les cœurs anciens




Préserver les espaces naturels dans l’enveloppe urbaine :

Avant de commencer l’étude du nouveau PLU, force est de constater que cet objectif de « préservation des espaces naturels dans l’enveloppe urbaine » affiché par la municipalité, est en totale contradiction avec son action, puisque la commune mettra en vente l’espace vert public situé derrière le lavoir le 29 novembre en vue d’une urbanisation. La concordance malheureuse des calendriers ne plaide donc pas pour la sincérité de sa démarche de préservation environnementale.



Les modifications apportées par le nouveau PLU, non seulement ne préservent pas « les espaces naturels dans l’enveloppe urbaine », mais les dégradent.



Plusieurs espaces naturels seront urbanisés, dans des secteurs définis (rue Jeanne d’Arc et au chemin des Grandes Vignes), ainsi que manière plus diffuse dans l’enveloppe urbaine.



Quant aux Espaces Boisés Classés, les modifications apportées par le nouveau PLU en font régresser les surfaces de manière conséquente.



D’autre part, les nouvelles règles d’urbanisme augmentent les possibilités de construire de + 38 % en profondeur de parcelle, et de + 60 % en matière d’emprise au sol (à l’extérieur des cœurs historiques de Scy et de Chazelles).








Préserver le patrimoine bâti classé, mais aussi remarquable répartis dans les cœurs anciens :



Une partie non négligeable de ce patrimoine (Scy-Haut et Chazelles) est intégré dans le Site Patrimonial Remarquable (ex ZPPAUP), classement qui prévaut sur le PLU. La révision du PLU n’apporte par conséquent aucun élément de plus. Quant au bâti situé à l’extérieur du Site Patrimonial Remarquable (Scy-Bas), l’ancien PLU en protégeait 65, le nouveau PLU en protègera 33.

Du point de vue du bâti aussi, les modifications apportées par le nouveau PLU n’iront pas dans le sens de la préservation du patrimoine bâti, mais dans son amoindrissement.







Les objectifs de préservation de nos espaces naturels dans l’enveloppe urbaine, et de protection du bâti, ne sont pas en adéquation avec les moyens mis en œuvre pour leur réalisation, dans le nouveau PLU. Ce qui pose problème.



D’autre part le nouveau PLU n’est pas en conformité avec le règlement du Site Patrimonial Remarquable (ex ZPPAUP) qui régit une partie conséquente de la commune. La municipalité indique que le règlement du Site Patrimonial Remarquable subira une révision afin d’être en adéquation avec le nouveau PLU.



L’enquête publique qui a commencé le 22 octobre s’achèvera le 22 novembre. Cette enquête sollicite l’avis de la population, et la personne chargée de recueillir les remarques des habitants devra en tenir compte pour l’élaboration de son rapport. A l’issue de l’enquête publique, l’enquêteur donnera un avis, non contraignant, aux élus qui voteront la révision du PLU.

Il est important que les habitants s’approprient ce moment de démocratie locale, et participent, à leur convenance, à l’enquête publique. Même s’ils n’ont aucun pouvoir décisionnaire, leur voix sera entendue, sinon écoutée. Les remarques formulées seront publiques et consultables.



Le site de la mairie indique comment participer à l’enquête publique.





Pour aller un peu plus en détail à présent :

Il peut être utile de se référer de la carte des zonages pour comprendre les explications ci-dessous :

Zonage. Nouveau PLU :


Zonage. Ancien PLU :




Les références de notre analyse se trouvent dans les documents « règlement » qui correspond au règlement écrit :


ainsi que le document « justification » :

http://www.mairie-scy-chazelles.fr/wp-content/uploads/RP_T2_JUSTIFICATIONS_57642.pdf



UNE URBANISATION A BAS BRUIT PAR UNE DENSISIFICATION POSSIBLEMENT CONSEQUENTE DES CONSTRUCTIONS :

L’ancien PLU prescrivait une possibilité de construire jusqu'à 18m de la limite de propriété ou de l’alignement, le nouveau PLU augmente cette possibilité jusqu'à 25m, ce qui correspond à une augmentation de 38 %. Ceci est valable pour la zone UA (règlement p 17, article UA6).

A l’intérieur de la zone UB, l’ancienne limite de 18 mètres est annulée et il n’y a plus de limite de profondeur (règlement p 26 article UB6), idem pour la zone UC (règlement p 34 article UC6).



L'ancien PLU fixait pour les constructions, un maximum d’emprise au sol de 25% de la surface totale de la parcelle pour les zones UB. Le nouveau PLU (règlement p 27 UB9) augmente grandement ce taux de constructibilité sur cette zone, puisqu'il le porte à 40%, soit une augmentation des possibilités de construction de + 60 %.



En zone UB, pour les parcelles de moins de 400 m2, l’emprise au sol pourra atteindre 60% (règlement p 27 article UB9.2).



Au chemin des Grandes Vignes, un terrain classé actuellement en zone naturelle (donc non constructible) sera dans le nouveau PLU classé en zone urbanisable, où le taux de constructibilité atteindra 60% (règlement p 27 article UB9.1).

Ce terrain qui appartenait à la commune a été vendu l’an dernier à un promoteur immobilier, Magnum Immobilière.



Des déclassements ponctuels de parcelles ou de parties de parcelles (à l’intérieur de l’enveloppe urbaine) qui étaient situées en « zone naturelle » dans l’ancien PLU seront urbanisables dans le nouveau PLU. Avec les nouvelles règles de constructibilité, la densification pourra entamer ces parcelles (ou parties de parcelles) anciennement classées naturelles.



Cette densification pourrait à terme modifier l’image de la commune.



Les personnes intéressées par ces nouvelles règles de zonage, et leurs conséquences près de chez eux, peuvent consulter les documents visibles sur le site de la mairie. Par exemple le document « justifications » à la page 34, et comparer les cartes de l’ancien et du nouveau PLU nommées règlement 2000.



DES CHANGEMENTS DE ZONAGES POUR DE NOUVEAUX PROJETS DE CONSTRUCTION :



Rue Jeanne d’Arc, le nouveau PLU étend la constructibilité qui était de 22 mètres de profondeur dans l’ancien PLU à 44 mètres dans le nouveau PLU. Ces 22 mètres supplémentaires sont obtenus par un déclassement de « zone naturelle » à « zone urbaine ». La profondeur de constructibilité est donc doublée, des maisons pourront être construites sur deux rangs dans le nouveau PLU (Justifications p 120 et 121).



Chemin des Grandes Vignes. Là aussi un déclassement de cette zone naturelle permettra des constructions. Dans cette ancienne emprise SNCF, la bande sur le ban de Scy-Chazelles étant étroite, des règles d’urbanisme particulières à ce projet permettront son urbanisation (assez dense), au moyen de dérogations aux règles générales, du point de vue de l’emprise au sol, ainsi que des stationnements privés.



Le document « justifications » indique p 143 : « La seule incidence négative du PLU est une hausse du trafic automobile. ».

Ceci sera particulièrement valable au débouché de la rue Jeanne d’Arc et la rue de Moulins où la rue est étroite, par le nouveau lotissement (6 à 8 maisons supplémentaires) ; ainsi que dans la rue de la gare à Moulins avec les nouvelles constructions du chemin des Grandes Vignes (une douzaine de maisons supplémentaires), où aux heures de pointe, il est difficile de passer les feux de la rue de Verdun et sa circulation dense.



URBANISATION AU CHEMIN DES GRANDES VIGNES :



L’urbanisation prévue de l’ancienne voie SNCF au chemin des Grandes Vignes empêchera définitivement toute réutilisation de cette dernière pour une liaison douce (vélo) en direction de Châtel et Amanvillers. Cette possibilité est déjà largement entamée car l’ancienne voie ferrée passe à travers la caserne Serret. Il ne serait peut-être pas impossible qu’à moyen terme, la caserne puisse rétrocéder à Metz Métropole une bande pour permettre le passage d’une liaison douce se raccordant à la partie Lessy (qui est intacte jusqu’à Amanvillers). Un raccordement vers la véloroute le long de la Moselle pourrait être étudié dans le cadre de la Métropole. Nous sommes là dans le domaine des hypothèses, mais la certitude est que l’urbanisation de cette ancienne voie rendrait impossible toute réutilisation. Définitivement.



Le Saint-Quentin étant gorgé d’eau et de sources, il n’est pas rare, au dire des riverains, que l’évacuation des eaux pluviales, lors d’épisodes de pluies violentes, soit partiellement inopérante, et que les eaux stagnent au bas des coteaux. Une artificialisation supplémentaire des terres rendrait la situation encore plus délicate, d’autant que le dérèglement climatique en cours intensifiera les épisodes violents.





SUPPRESSION D’UNE « RESPIRATION NATURELLE » SUR LES COTEAUX :



L’ancien PLU avait créé une « respiration naturelle » continue le long des coteaux, au moyen d’une « bande verte ». Cette zone naturelle, jusqu’à présent continue, sera coupée en deux par un déclassement de parcelles qui passent de zones « naturelles » à « urbaines ».



Il n’y aura donc plus de continuité naturelle sur les coteaux, la bande verte étant coupée en deux par une zone urbanisable.



Il est à noter que l’ancien PLU avait fait le choix, dans cette zone, d’une continuité naturelle (on peut dire écologique), novatrice à l’époque, alors que le nouveau PLU fait le choix, en 2018, d’une continuité urbaine que l’on peut estimer dépassée et inadaptée aux enjeux modernes.



Quelques autres choix de redécoupage de zonages indiquent une philosophie de simplification, mais au profit des continuités urbaines, au détriment des continuités naturelles.



Voir ces éléments en comparant les plans (règlement 2000) de l’ancien et du nouveau PLU.





PATRIMOINE ARCHITECTURAL :



L’ancien PLU protégeait 65 constructions, situées à l’extérieur du Site Patrimonial Remarquable (ex ZPPAUP), c’est-à-dire à Scy-Bas. Le nouveau PLU n’en protège plus que 33. (justifications p 71)



ESPACES BOISEES :



Dans l’ancien PLU, les Espaces Boisés Classés inscrivait de vastes étendues. Dans le nouveau PLU, les Espaces Boisés Classés sont considérablement réduits, et se limitent à de petits espaces circonscrits à des zones précises (particulièrement dans la partie haute de la commune) (Justification p 74). Il faut comparer les cartes « règlement 2000 » de l’ancien et du nouveau PLU.





DES INQUIETUDE POUR L’INTEGRITE DU SITE CLASSE :



Dans l’ancien PLU, les quelques constructions situées dans le site classé du Mont Saint-Quentin, étaient classées en zone naturelle, ce qui correspondait probablement à une logique géographique, mais aussi à une forme d’incohérence.

Le nouveau PLU fait passer des parcelles urbanisées dans le site classé, de « zone naturelle » à « zone urbaine ». 

Au motif de supprimer une incohérence de l’ancien PLU, le nouveau PLU crée une nouvelle incohérence en déclassant ces « zones naturelles » du site classé, et en les requalifiant en « zones urbaines ».

On peut estimer, mais ceci est subjectif, que le nouveau PLU affaibli le site classé.



De plus, un site classé se doit d’être pérenne, c’est sa vocation et sa nature, on ne peut en modifier les contours selon le bon vouloir de chaque municipalité (c’est aussi une des raisons pour lequel il relève directement du ministère). Ce changement de zonage contrevient à la philosophie du site classé, même s’il peut paraitre indolore. La nouvelle incohérence crée par le nouveau PLU n’est pas neutre.



D’autre part le classement en zone urbaine s’arrêtera à l’entrée du chemin des Cent Livres, D’autres parcelles urbanisées ne sont pas concernées par le changement de zonage, notamment au chemin des Cent Livres. Ce qui peut être aussi perçu une incohérence supplémentaire du nouveau PLU.



A PROPOS DU PROJET D’URBANISATION DANS LE SITE CLASSE ETUDIE PUIS ABANDONNE PAR LE NOUVEAU PLU :



Le projet d’urbanisation derrière la mairie, et parallèle à la rue de l'Esplanade, nommé « cœur de village » n'a finalement pas été repris dans le nouveau PLU (justifications p 15). Ces terrains sont à l’intérieur du périmètre du site classé, et on ne peut que se réjouir de cet abandon.

Malgré tout, force est de constater que le déclassement des parcelles (de « naturelles » à « urbaines ») adjacentes à cette zone étudiée en vue d’une urbanisation, séparera désormais cette « zone naturelle jardin » du reste des zones naturelles du site classé (voir plan nouveau PLU règlement 2000 qui est très parlant). Cette incohérence de plus, créée dans le site classé par le nouveau PLU, pourrait ne pas être sans conséquence dans l’avenir.





PAEN (Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains).



Les zones situées dans le PAEN sont reclassées, elles passent de « naturelles » à « agricoles », sigle « A ». Cette nouvelle classification est conforme à la vocation du PAEN qui n’est pas que naturelle, mais aussi agricole.



Dans la zone Apb, qui est proche de la limite communale vers Lessy (coté gauche, aval), « des constructions […] ayant pour support l’exploitation agricole, peuvent, par exemple, correspondre à un hébergement touristique ou encore à une unité de vente directe » (justifications p 109). Même si l’« hébergement touristique » peut être compris dans une vocation agricole, il pourrait dans une certaine mesure, et à certaines conditions, être susceptible d’aller à l’encontre de la vocation naturelle du PAEN.



Une zone Ac est créée en avant de la zone Apb (lorsqu’on va vers Lessy). Ces parcelles sont destinées à la création d’un cimetière. Le document « justifications » indique concernant l’impact du cimetière sur la zone paysagère et agricole : « cet impact peut toutefois être qualifié de positif dans la mesure où la ville entend créer un cimetière paysager ».

Ceci ne parait pas exact. Un parking devra être crée, ainsi que des réseaux (eau, électricité).

L’emprise de ce cimetière sera de 11 500m2.



Cette zone Ac contigüe à la Apb (précédemment citée) peut créer une situation inédite dans une zone naturelle à vocation paysagère et agricole.



A l’heure de la métropolisation des communes de Metz Métropole, une solution alternative, comme une mutualisation avec la commune de Longeville de son cimetière aurait pu être étudiée. Le cimetière longevillois est tout aussi proche de Saint Remi que le futur cimetière en zone paysagère et agricole, et sa capacité d’accueil est élevée. Si une telle solution pouvait aboutir, la vocation naturelle du PAEN serait renforcée.



Il faut noter aussi que les modes d’inhumation évoluent, et la crémation prend une place de plus en plus importante dans les demandes des défunts. Ceci a une incidence sur la gestion du potentiel des concessions.



On peut considérer que le nouveau PLU crée des exceptions dans les zones Apb et Ac susceptibles (ou pas) de changer la perception de la vocation naturelle, paysagère et agricole de la zone A.



Si vous souhaitez faire des remarques sur ce nouveau PLU, vous avez jusqu’au 22 novembre qui marque la fin de l’enquête publique. C’est un droit pour chacun d’entre nous.

L’enquêteur publique assure quelques permanences en mairie (voir le site), et est à disposition des habitants.